Impacts et complexité des bioaérosols : cas pratiques sur nos fermes laitières
Causerie fromagère présentée le 14 novembre 2023
Conférencière :
Caroline Duchaîne, PhD, titulaire de la chaire de recherche du Canada sur les bioaérosols, Université Laval
Animation : Maryse Lamoureux, directrice scientifique, CEFQ
Durée : 1 h 30
Les bioaérosols, sujet encore bien méconnu, sont composés de microorganismes entiers ou non, de toxines, de produits biologiques provenant d’organismes vivants. En raison de l’air ambiant de leur milieu de travail, les travailleurs agricoles sont exposés à de fortes concentrations de divers microorganismes pouvant mener à des maladies respiratoires. Des conditions ou tâches comme des bâtiments mal ventilés, la rumination, la traite, le taillage des onglons et le déplacement des vaches la distribution de la ration alimentaire et des litières, l’humidité ambiante ou encore la présence d’animaux malades influencent le niveau de bioaérosols sur les fermes.
Au fait, comment est-ce possible d’analyser les bioaérosols ? La plupart des méthodes d’analyse microbiologique peuvent être utilisées cependant la méthode d’échantillonnage doit être adaptée à la situation. Pour y parvenir, plusieurs appareils de diverses conceptions ont été mis au point selon qu’il s’agissait d’analyser l’exposition au bioaérosol par une personne ou encore d’en mesurer le contenu de l’air.
Dre Caroline Duchaîne, titulaire de la chaire de recherche canadienne sur les bioaérosols de l’Université Laval, et son équipe ont réalisé une étude portant sur la situation des fermes laitières québécoises, et ce, autant en stabulation libre qu’entravée. Des bioaérosols de grande complexité y ont été identifiés principalement liés aux nombreuses sources en place : fumier, litière, foin, ensilage, grains, etc.
Ceci expliquerait que près de 20 % des producteurs laitiers souffrent d’inflammation des voies respiratoire et même de maladies tels que le poumon du fermier. Malheureusement, les limites des concentrations de particules dans l’air acceptables lors d’exposition en milieu de travail actuellement prescrits par les lois sur la santé et la sécurité au travail ne représentent pas bien la réalité de ces travailleurs. D’autres travaux seront nécessaires afin d’obtenir des valeurs plus représentatives de leur situation.
À l’aide de quelques exemples, Mme Duchaîne démontre une présence importante de bioaérosols également dans l’industrie alimentaire. Des études ont relevé des problèmes de santé respiratoire chez les travailleurs d’usine de saucissons fermentés et de fromages. En plus des risques pour la santé, les bioaérosols présents dans les usines alimentaires, peuvent être l’origine de problèmes technologiques. Une bonne gestion de l’hygiène des systèmes de ventilation et du sens des flux d’air est primordiale pour la protection contre les bactériophages, les contaminations par des moisissures indésirables ou d’autres agents d’altération ou pathogènes. Pour ce faire, des procédés de contrôle de la qualité de l’air peuvent être appliqués: filtration, pression positive, changement d’air et direction des flux, UV, ozone et fumigation.
Décidemment, ce sujet mérite toute notre attention et celle de la recherche en faveur de la santé des hommes et des femmes qui œuvrent dans notre secteur bioalimentaire.